01/04/2018
Bordeaux primeur 2017 (1) : premiers résultats
Bordeaux rouge 2017 en primeur : les bonnes surprises auxquelles je ne m'attendais pas
Depuis Bordeaux, j'ai suivi le cycle végétatif en direct. Cet hiver, j'ai dégusté les lots séparés d'une vingtaine de propriétés, de la plus simple à la plus réputée. Un premier bilan s'est imposé : des résultats irréguliers (il n'existe pas le 2017 mais les 2017) et aucune saveur verte détectée. La présence de cette dernière aurait été le signe d'absence de maturité, de tanins durs et de corps maigres.
Aujourd'hui je viens de finir deux semaines passionnantes de dégustation de plus de 300 vins. Voici les résultats :
- les vins rouges sont très colorés.
- les nez se présentent fruités, précis, assez souvent purs, sans verdeur et complexes pour les meilleurs vins.
Première surprise
Les entrées en bouche étonnent par leur douceur. Je ne m'y attendais pas !
Cette sucrosité induira des vins très plaisants à boire, y compris jeunes. Elle est d'autant plus remarquable qu'elle ne vient pas de taux d'alcool élevé. En effet les degrés se situent autour de 13. Elle ne provient pas non plus de Ph plus haut que la moyenne. C'est une caractéristique de l'année qu'il faut imputer à la sécheresse de l'été, comme en 2016.
- Milieux de bouche et finales : l'espace où les vins varient en qualité.
Nombre d'entre eux présentent un milieu de bouche faible et chutent en finale.
On peut accuser mille circonstances : le manque de chaleur ressentie de l'été (vrai pour juillet, mais pas pour août, vrai pour septembre), la pluie de septembre (dans la norme, mais très inégalement répartie) , l'excès de production, l'absence de saignées pour compenser la perte en volume due au gel, le manque de savoir-faire dans la construction des assemblages, un équilibre difficile à trouver avec le vin de presse etc...
Seconde surprise
Des vins se révèlent bien construits en milieu de bouche et en finale. Pour eux mes notes sont élevées et au niveau de 2014 - 2015. Pourquoi ?
2017 est un millésime précoce. Il faut chercher les clés de la qualité dans la sécheresse de l'hiver, l'homogénéité de la floraison, la sécheresse de l'été, la contrainte hydrique forte en particulier sur les sols précoces et enfin dans le travail des hommes.
Troisième surprise
Dans les collines de la rive droite, certains crus possèdent des vignes en haut des coteaux, au milieu ou en bas. Le bas, souvent moins bon, a gelé. Du coup, l'assemblage ne retient que le meilleur de la propriété. Et le profil gustatif change. On obtient des vins à l'expression inconnue jusqu'alors, plus profonde, plus enthousiasmante.
Le profil des vins rouges
2017 est un millésime océanique frais, mais sans verdeur et sans dureté tanique. Les meilleures structures sont toutes plus élancées que larges, plutôt aromatiques, très fruitées avec du fondant et de la chair, mais sans effet démonstratif de puissance. Le type même de millésime que l'élevage sanctifiera. D'ores et déjà, il convient parfaitement aux crus dont c'est naturellement le style. Les meilleurs vins s'étirent en finale s'appuyant majoritairement sur la réussite du bouchet (cabernet franc bordelais de haut vol), du cabernet sauvignon et du petit verdot.
Le fonctionnement du marché bordelais s'adossant sur un point de vue moyen, les meilleurs 2017 devraient voir leurs prix baisser et gagner un statut d'outsider : vin dont le goût est supérieur à ce que l'étiquette (ici le millésime) laisse paraître. Une appellation en particulier présente d'insolentes réussites.
L'abonnement se prend ici : /fr/abonnements/tout-quarin-com_-b.html#.WsCj4WbpMo8
Merci de votre attention et bon week-end.
Bien cordialement.
Jean-Marc Quarin
Wine critic
www.quarin.com
Depuis Bordeaux, j'ai suivi le cycle végétatif en direct. Cet hiver, j'ai dégusté les lots séparés d'une vingtaine de propriétés, de la plus simple à la plus réputée. Un premier bilan s'est imposé : des résultats irréguliers (il n'existe pas le 2017 mais les 2017) et aucune saveur verte détectée. La présence de cette dernière aurait été le signe d'absence de maturité, de tanins durs et de corps maigres.
Aujourd'hui je viens de finir deux semaines passionnantes de dégustation de plus de 300 vins. Voici les résultats :
- les vins rouges sont très colorés.
- les nez se présentent fruités, précis, assez souvent purs, sans verdeur et complexes pour les meilleurs vins.
Première surprise
Les entrées en bouche étonnent par leur douceur. Je ne m'y attendais pas !
Cette sucrosité induira des vins très plaisants à boire, y compris jeunes. Elle est d'autant plus remarquable qu'elle ne vient pas de taux d'alcool élevé. En effet les degrés se situent autour de 13. Elle ne provient pas non plus de Ph plus haut que la moyenne. C'est une caractéristique de l'année qu'il faut imputer à la sécheresse de l'été, comme en 2016.
- Milieux de bouche et finales : l'espace où les vins varient en qualité.
Nombre d'entre eux présentent un milieu de bouche faible et chutent en finale.
On peut accuser mille circonstances : le manque de chaleur ressentie de l'été (vrai pour juillet, mais pas pour août, vrai pour septembre), la pluie de septembre (dans la norme, mais très inégalement répartie) , l'excès de production, l'absence de saignées pour compenser la perte en volume due au gel, le manque de savoir-faire dans la construction des assemblages, un équilibre difficile à trouver avec le vin de presse etc...
Seconde surprise
Des vins se révèlent bien construits en milieu de bouche et en finale. Pour eux mes notes sont élevées et au niveau de 2014 - 2015. Pourquoi ?
2017 est un millésime précoce. Il faut chercher les clés de la qualité dans la sécheresse de l'hiver, l'homogénéité de la floraison, la sécheresse de l'été, la contrainte hydrique forte en particulier sur les sols précoces et enfin dans le travail des hommes.
Troisième surprise
Dans les collines de la rive droite, certains crus possèdent des vignes en haut des coteaux, au milieu ou en bas. Le bas, souvent moins bon, a gelé. Du coup, l'assemblage ne retient que le meilleur de la propriété. Et le profil gustatif change. On obtient des vins à l'expression inconnue jusqu'alors, plus profonde, plus enthousiasmante.
Le profil des vins rouges
2017 est un millésime océanique frais, mais sans verdeur et sans dureté tanique. Les meilleures structures sont toutes plus élancées que larges, plutôt aromatiques, très fruitées avec du fondant et de la chair, mais sans effet démonstratif de puissance. Le type même de millésime que l'élevage sanctifiera. D'ores et déjà, il convient parfaitement aux crus dont c'est naturellement le style. Les meilleurs vins s'étirent en finale s'appuyant majoritairement sur la réussite du bouchet (cabernet franc bordelais de haut vol), du cabernet sauvignon et du petit verdot.
Le fonctionnement du marché bordelais s'adossant sur un point de vue moyen, les meilleurs 2017 devraient voir leurs prix baisser et gagner un statut d'outsider : vin dont le goût est supérieur à ce que l'étiquette (ici le millésime) laisse paraître. Une appellation en particulier présente d'insolentes réussites.
Je diffuserai des alertes sur les meilleurs vins très vite.
L'abonnement se prend ici : /fr/abonnements/tout-quarin-com_-b.html#.WsCj4WbpMo8
Merci de votre attention et bon week-end.
Bien cordialement.
Jean-Marc Quarin
Wine critic
www.quarin.com