15/02/2024
Chronique 350
Le réchauffement climatique à Bordeaux : aujourd'hui pour demain !
La parole à Alain Vauthier, propriétaire d'Ausone.
Alain Vauthier « J'ai commencé à travailler en 1971 au château Haut Simard, puis à Ausone en 1974. Depuis, je constate de réels changements : globalement les millésimes froids et tardifs, avec ou sans un printemps pluvieux sont de moins en moins fréquents. De mémoire, je dirais qu'un des derniers millésimes de la sorte fut le 1978 avec des vendanges jusqu'à la Toussaint. Depuis 2000, nous avons des vendanges plus précoces fin septembre, début octobre et non plus fin octobre, début novembre comme je l'avais connu en 1978. Le réchauffement climatique est bien là. Je le mesure aussi dans mes loisirs comme navigateur. La température de l'eau de mer s'élève dans le golfe de Gascogne. En trente ans, elle a gagné deux degrés. Cette eau réchauffée amène des précipitations souvent sous forme d'orages. Dans le vignoble, et au printemps, cette humidité induit des problèmes de mildiou de plus en plus importants. Au printemps, des problèmes apparaissent avec le gel, lorsque le débourrement se fait plus précoce.
Ausone est une exception, car peu sensible au gel. Il ne nous a touchés qu'une seule fois, en 1991. Ici, nos particularités pédologiques - trois quarts de sols argilo-calcaires et un quart sur calcaire permettent à ce cru d'échapper à une autre menace pour la qualité des vins : la sècheresse et les excès de chaleur. En 1976, millésime de l'impôt sècheresse, Ausone avait produit des raisins de compétition ! Pareil en 1983 et 2003.
Dans la famille, nous avons d'autres terroirs qui pour le moment ne souffrent pas de la raréfaction de l'eau. Au contraire ! Le réchauffement climatique améliore des parcelles d'habitude plus impactées par l'humidité. Il fait du bien à beaucoup. Pour le moment, cette évolution du climat a multiplié le nombre de très bons millésimes. Cependant, avec l'accélération de ces changements, que va-t-il arriver ?
Au niveau du travail de la vigne, beaucoup de choses seront à revoir. Au lieu de sélectionner ...
La parole à Alain Vauthier, propriétaire d'Ausone.
Sur ce vaste sujet, j'ai choisi de recueillir les observations des premiers crus de Bordeaux. A l'abri de contingences commerciales, ces crus détiennent l'expérience et les savoirs les plus instructifs pour ceux d'entre nous qui souhaitent comprendre, partager et discuter des évolutions d'aujourd'hui et pour demain des vins de Bordeaux.
Je commence par la parole d'Alain Vauthier, propriétaire d'Ausone. Tant d'expérience depuis 1971 !
Je commence par la parole d'Alain Vauthier, propriétaire d'Ausone. Tant d'expérience depuis 1971 !
JMQ « Qu'observez-vous du réchauffement climatique et de ses conséquences actuelles ? »
Alain Vauthier « J'ai commencé à travailler en 1971 au château Haut Simard, puis à Ausone en 1974. Depuis, je constate de réels changements : globalement les millésimes froids et tardifs, avec ou sans un printemps pluvieux sont de moins en moins fréquents. De mémoire, je dirais qu'un des derniers millésimes de la sorte fut le 1978 avec des vendanges jusqu'à la Toussaint. Depuis 2000, nous avons des vendanges plus précoces fin septembre, début octobre et non plus fin octobre, début novembre comme je l'avais connu en 1978. Le réchauffement climatique est bien là. Je le mesure aussi dans mes loisirs comme navigateur. La température de l'eau de mer s'élève dans le golfe de Gascogne. En trente ans, elle a gagné deux degrés. Cette eau réchauffée amène des précipitations souvent sous forme d'orages. Dans le vignoble, et au printemps, cette humidité induit des problèmes de mildiou de plus en plus importants. Au printemps, des problèmes apparaissent avec le gel, lorsque le débourrement se fait plus précoce.
Ausone est une exception, car peu sensible au gel. Il ne nous a touchés qu'une seule fois, en 1991. Ici, nos particularités pédologiques - trois quarts de sols argilo-calcaires et un quart sur calcaire permettent à ce cru d'échapper à une autre menace pour la qualité des vins : la sècheresse et les excès de chaleur. En 1976, millésime de l'impôt sècheresse, Ausone avait produit des raisins de compétition ! Pareil en 1983 et 2003.
Dans la famille, nous avons d'autres terroirs qui pour le moment ne souffrent pas de la raréfaction de l'eau. Au contraire ! Le réchauffement climatique améliore des parcelles d'habitude plus impactées par l'humidité. Il fait du bien à beaucoup. Pour le moment, cette évolution du climat a multiplié le nombre de très bons millésimes. Cependant, avec l'accélération de ces changements, que va-t-il arriver ?
Au niveau du travail de la vigne, beaucoup de choses seront à revoir. Au lieu de sélectionner ...