11/04/2021
Bordeaux Primeurs 2020 : premiers résultats
. Bordeaux Primeurs 2020 : mes premiers résultats
. Le gel de cette semaine
Bordeaux, le 11 avril 2021
Le gel des 7 et 8 avril vient de toucher durement la Gironde, premier département viticole de France et pour la première fois et en même temps toutes les régions viticoles françaises, ainsi que la production fruitière. A Bordeaux et dans l'attente d'une meilleure évaluation, puisque des nécroses sont en train d'apparaître, le gel semble moins généralisé que celui de 2017, avec de très forts contrastes selon les régions.
Les zones les plus anéanties où la température est descendue en dessous de -5° se trouvent dans les vallées et en bordure de forêt. Au sud de Bordeaux, les Graves, Sauternes Barsac, Pujols sur Ciron sont très affectés. Sur la rive droite, à Saint-Emilion, la plaine de la Dordogne est très concernée. Dans le Médoc, le gel a frappé les zones initialement plus froides, le long de la forêt et non pas en bord de Gironde.
Ce phénomène relié au réchauffement climatique par les experts est connu depuis une dizaine d'années. Cependant, il en existe d'autres, moins visibles, plus sournois, susceptibles de porter atteinte à la qualité des vins plutôt qu'à leur production : la succession d'évènements climatiques si contrastés pendant le cycle végétatif que ni les végétaux ni les hommes ne parviennent à s'y adapter. Si les premières traces de ces changements remontent au très pluvieux hiver 2016 qui nous a laissé coi, aujourd'hui c'est le millésime 2020 qui a été touché dans son cycle végétatif : beaucoup d'eau de mars jusqu'au 18 juin, sècheresse jusqu'au 11 août pendant la véraison (elle s'étire), pluies très abondantes ou pas mais ramassées pendant la seconde décade d'août, avec une réelle différence entre la rive gauche et la rive droite (à l'avantage de cette dernière), à nouveau peu d'eau entre le 17 août et le 18 septembre et fortes chaleurs sur la fin de maturité en septembre avec 10 journées supérieures à 30 ° et une pluviométrie dans la norme, mais plus faible sur trois appellations. La tempérance climatique louée à Bordeaux pour ses effets positifs sur la lente maturation du raisin, l'avènement de sa complexité aromatique et tannique, se voit ici de plus en plus mise à mal. Par conséquent le millésime 2020 à Bordeaux est très hétérogène.
Qui peut résister à un tel traitement ?
Tous les terroirs graveleux et gravelo-sableux qui ont fait la réputation de Bordeaux pour leur précocité voient la maturité du raisin interrompue par le manque d'eau (stress, blocage) et l'excès de chaleur (2020 est l'année climatique la plus chaude pour le cycle végétatif). En septembre, ces zones ont en plus connu une perte de jus par évaporation au sein de la baie. Or, dans certaines zones (que je vous citerai) le rendement était déjà bas par manque d'initiation florale (un autre handicap du réchauffement climatique).
L'argile gagne
Dans ce contexte de réchauffement, seuls gagnent les terroirs gravelo-argileux, argilo-calcaires, calcaire ou argileux et les crus situés en zones pentues. Voilà le constat que je fais après la dégustation de 150 vins rouges du millésime 2020 sur toutes les AOC et tous les types de terroir.
Au sein de résultats très hétérogènes, il demeure de bonnes surprises. Ne croyez pas qu'elles apparaissent par magie ou par hasard. Elles résultent d'une progression lente que j'ai précédemment signalée plusieurs fois dans les trois ou quatre millésimes antérieurs. Le 20/20 de château Canon en 2016 était pré-annoncé depuis 2012 ; celui de Carmes Haut Brion depuis 2013 ; celui de Calon Segur en 2018 depuis 2014. L'attention portée au suivi s'avère déterminante dans la pertinence et la fiabilité des jugements portés.
Publication des notes et des commentaires
Mes résultats seront affichés directement dans ma bibliothèque de commentaires présente sur le site. Ainsi, vous les comparerez instantanément avec mes jugements précédents. Il en sera de même lorsque les prix sortiront. Vous serez prévenu de ces publications au fur et à mesure. Début mai, les abonnés disposeront d'un Carnet sous format pdf et Excel sur les Bordeaux Primeurs 2020.
A bientôt.
Jean-Marc Quarin
. Le gel de cette semaine
Bordeaux, le 11 avril 2021
Le gel des 7 et 8 avril vient de toucher durement la Gironde, premier département viticole de France et pour la première fois et en même temps toutes les régions viticoles françaises, ainsi que la production fruitière. A Bordeaux et dans l'attente d'une meilleure évaluation, puisque des nécroses sont en train d'apparaître, le gel semble moins généralisé que celui de 2017, avec de très forts contrastes selon les régions.
Les zones les plus anéanties où la température est descendue en dessous de -5° se trouvent dans les vallées et en bordure de forêt. Au sud de Bordeaux, les Graves, Sauternes Barsac, Pujols sur Ciron sont très affectés. Sur la rive droite, à Saint-Emilion, la plaine de la Dordogne est très concernée. Dans le Médoc, le gel a frappé les zones initialement plus froides, le long de la forêt et non pas en bord de Gironde.
Ce phénomène relié au réchauffement climatique par les experts est connu depuis une dizaine d'années. Cependant, il en existe d'autres, moins visibles, plus sournois, susceptibles de porter atteinte à la qualité des vins plutôt qu'à leur production : la succession d'évènements climatiques si contrastés pendant le cycle végétatif que ni les végétaux ni les hommes ne parviennent à s'y adapter. Si les premières traces de ces changements remontent au très pluvieux hiver 2016 qui nous a laissé coi, aujourd'hui c'est le millésime 2020 qui a été touché dans son cycle végétatif : beaucoup d'eau de mars jusqu'au 18 juin, sècheresse jusqu'au 11 août pendant la véraison (elle s'étire), pluies très abondantes ou pas mais ramassées pendant la seconde décade d'août, avec une réelle différence entre la rive gauche et la rive droite (à l'avantage de cette dernière), à nouveau peu d'eau entre le 17 août et le 18 septembre et fortes chaleurs sur la fin de maturité en septembre avec 10 journées supérieures à 30 ° et une pluviométrie dans la norme, mais plus faible sur trois appellations. La tempérance climatique louée à Bordeaux pour ses effets positifs sur la lente maturation du raisin, l'avènement de sa complexité aromatique et tannique, se voit ici de plus en plus mise à mal. Par conséquent le millésime 2020 à Bordeaux est très hétérogène.
Qui peut résister à un tel traitement ?
Tous les terroirs graveleux et gravelo-sableux qui ont fait la réputation de Bordeaux pour leur précocité voient la maturité du raisin interrompue par le manque d'eau (stress, blocage) et l'excès de chaleur (2020 est l'année climatique la plus chaude pour le cycle végétatif). En septembre, ces zones ont en plus connu une perte de jus par évaporation au sein de la baie. Or, dans certaines zones (que je vous citerai) le rendement était déjà bas par manque d'initiation florale (un autre handicap du réchauffement climatique).
L'argile gagne
Dans ce contexte de réchauffement, seuls gagnent les terroirs gravelo-argileux, argilo-calcaires, calcaire ou argileux et les crus situés en zones pentues. Voilà le constat que je fais après la dégustation de 150 vins rouges du millésime 2020 sur toutes les AOC et tous les types de terroir.
Au sein de résultats très hétérogènes, il demeure de bonnes surprises. Ne croyez pas qu'elles apparaissent par magie ou par hasard. Elles résultent d'une progression lente que j'ai précédemment signalée plusieurs fois dans les trois ou quatre millésimes antérieurs. Le 20/20 de château Canon en 2016 était pré-annoncé depuis 2012 ; celui de Carmes Haut Brion depuis 2013 ; celui de Calon Segur en 2018 depuis 2014. L'attention portée au suivi s'avère déterminante dans la pertinence et la fiabilité des jugements portés.
Publication des notes et des commentaires
Mes résultats seront affichés directement dans ma bibliothèque de commentaires présente sur le site. Ainsi, vous les comparerez instantanément avec mes jugements précédents. Il en sera de même lorsque les prix sortiront. Vous serez prévenu de ces publications au fur et à mesure. Début mai, les abonnés disposeront d'un Carnet sous format pdf et Excel sur les Bordeaux Primeurs 2020.
A bientôt.
Jean-Marc Quarin
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Cette publication est éditée par Jean-Marc Quarin SAS, 10 allée de Ginouilhac, Le Taillan-Médoc. France. Contact : www.quarin.com
Les médias et les distributeurs de vins peuvent utiliser ces notations à condition de ne pas les déformer et en citant à la fois son auteur : Jean-Marc Quarin et l'origine de leur source : quarin.com