22/04/2022
Bordeaux Primeurs 2021 : résultats (1)
Bordeaux Primeurs 2021 : premiers résultats
Bordeaux, le 15 avril 2022
Je suis à mi-parcours. Voici mes premières impressions sur un peu plus de 200 vins dégustés, dont les plus réputés sur la rive gauche.
Contre toute attente et eu égard à l'année climatique compliquée, perturbée par le gel, le mildiou, la coulure, l'excès de pluie jusqu'en juin, une véraison lente, l'absence de contrainte hydrique, un été frais, les résultats s'avèrent au-delà des espérances pour un petit groupe de crus. Et franchement, je ne m'en explique pas les raisons. Toutefois, en épluchant les données des autres années climatiques, un autre millésime présente ce type d'anachronisme entre les conditions de production et les résultats obtenus : le 2001.
Du bon côté
Les vins rouges se présentent colorés, aromatiques, avec un degré d'alcool faible, se situant bien souvent entre 12°6 et 13°2. Il a dû être rehaussé par chaptalisation. Une pratique que Bordeaux avait oubliée depuis longtemps. Cependant, et pour les meilleurs, leur constitution étonne. Sans la puissance et la chaleur des millésimes précédents, les meilleures constructions de bouche offrent un grand équilibre entre l'attaque, le milieu et la finale. Leur puissance est modérée, les tannins discrets, sans aspect végétal. La sensation de raffinement est forte. Le petit degré d'alcool et les arômes éclatants la renforcent. Le plaisir est au rendez-vous.
Ces bons résultats s'expliquent essentiellement par le travail des hommes au prix d'un rendement faible. Il est fascinant de constater que les propriétés les plus appliquées maintiennent leur statut et ne fléchissent pas comme cela a pu être le cas en 2013. C'est bien le désir de faire mieux, l'application et l'expérience acquise ces dernières années qui permettent de sortir des résultats supérieurs à ce qu'une analyse statistique climatique pure pouvait laisser croire.
Le prix de ce travail est une production faible (gel, plus coulure, plus mildiou, plus passage en bio). Ce petit volume va créer une tension entre le producteur et les acheteurs, chacun ne pouvant être servi selon sa demande. Elle aura des répercussions sur les prix.
Du mauvais côté
Du pire côté du millésime sévit un manque de maturité, avec la présence d'acidité en finale, de la dilution, une absence de milieu de bouche ou de fin, selon la façon dont le vin a été construit.
Pour gagner en densité, de nombreux crus ont utilisé les saignées. Pas tous, puisque cette pratique fait baisser les volumes déjà bas. D'autres ont pris l'option de l'osmose inverse. D'autres mélangeront les millésimes selon le droit d'utiliser la règle des 85/15. Beaucoup espèrent trouver du renfort dans le millésime 2022. Certains l'auront fait en additionnant du 2020. Ce n'est pas une année à faire des découvertes. Le millésime est extrêmement hétérogène.
Rive gauche ou rive droite
2021 est un millésime cabernet, soit cabernet sauvignon, soit cabernet franc. De nombreux crus voient leurs proportions augmenter dans l'assemblage (80 % au domaine de Chevalier, 84 % à Lagrange, 70 % à Capbern, 63 % à Pibran, 88 % à Pichon Baron, 85 % à Grand Puy Lacoste, 60 % à Alter Ego, 96 % à Lafite et Latour). C'est lui qui donne au millésime sa tenue et son élégance.
Sur la rive droite, c'est la proportion de cabernet franc qui augmente dans de nombreux crus (60 % à Angélus)
A mi-chemin, quels sont les meilleurs ?
Les Carmes Haut Brion, Lafite Rothschild et Mouton Rothschild brillent au sommet avec une note à 18,5 (96). Idem pour Haut Brion blanc qui vient de produire un de ses plus grands millésimes. En effet, cette année, la qualité des vins blancs secs est haute, mais pas partout. Les pluies de juin, hétérogènes dans leur répartition, auront beaucoup dilué.
A Sauternes et Barsac, le gel a considérablement réduit la production, sélectionnant naturellement les meilleurs terroirs chez chacun. Le millésime est très botrytisé. Avec à peine 3 000 bouteilles Bastor Lamontagne (15,5 // 88) produit son meilleur vin. Suduiraut (17,5 // 95) n'a produit qu'un seul hectolitre à l'hectare !
Publication
A partir de la semaine prochaine, mes commentaires, mes analyses détaillées seront accessibles sur mon site et publiés en LIVE.
Bonne lecture.
Jean-Marc Quarin
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©Copyright
Cette publication est éditée par Jean-Marc Quarin SAS, 10 allée de Ginouilhac, Le Taillan-Médoc. France. Contact : www.quarin.com
Les médias et les distributeurs de vins peuvent utiliser ces notations à condition de ne pas les déformer et en citant à la fois son auteur : Jean-Marc Quarin et l'origine de leur source : quarin.com
Bordeaux, le 15 avril 2022
Je suis à mi-parcours. Voici mes premières impressions sur un peu plus de 200 vins dégustés, dont les plus réputés sur la rive gauche.
Contre toute attente et eu égard à l'année climatique compliquée, perturbée par le gel, le mildiou, la coulure, l'excès de pluie jusqu'en juin, une véraison lente, l'absence de contrainte hydrique, un été frais, les résultats s'avèrent au-delà des espérances pour un petit groupe de crus. Et franchement, je ne m'en explique pas les raisons. Toutefois, en épluchant les données des autres années climatiques, un autre millésime présente ce type d'anachronisme entre les conditions de production et les résultats obtenus : le 2001.
Du bon côté
Les vins rouges se présentent colorés, aromatiques, avec un degré d'alcool faible, se situant bien souvent entre 12°6 et 13°2. Il a dû être rehaussé par chaptalisation. Une pratique que Bordeaux avait oubliée depuis longtemps. Cependant, et pour les meilleurs, leur constitution étonne. Sans la puissance et la chaleur des millésimes précédents, les meilleures constructions de bouche offrent un grand équilibre entre l'attaque, le milieu et la finale. Leur puissance est modérée, les tannins discrets, sans aspect végétal. La sensation de raffinement est forte. Le petit degré d'alcool et les arômes éclatants la renforcent. Le plaisir est au rendez-vous.
Ces bons résultats s'expliquent essentiellement par le travail des hommes au prix d'un rendement faible. Il est fascinant de constater que les propriétés les plus appliquées maintiennent leur statut et ne fléchissent pas comme cela a pu être le cas en 2013. C'est bien le désir de faire mieux, l'application et l'expérience acquise ces dernières années qui permettent de sortir des résultats supérieurs à ce qu'une analyse statistique climatique pure pouvait laisser croire.
Le prix de ce travail est une production faible (gel, plus coulure, plus mildiou, plus passage en bio). Ce petit volume va créer une tension entre le producteur et les acheteurs, chacun ne pouvant être servi selon sa demande. Elle aura des répercussions sur les prix.
Du mauvais côté
Du pire côté du millésime sévit un manque de maturité, avec la présence d'acidité en finale, de la dilution, une absence de milieu de bouche ou de fin, selon la façon dont le vin a été construit.
Pour gagner en densité, de nombreux crus ont utilisé les saignées. Pas tous, puisque cette pratique fait baisser les volumes déjà bas. D'autres ont pris l'option de l'osmose inverse. D'autres mélangeront les millésimes selon le droit d'utiliser la règle des 85/15. Beaucoup espèrent trouver du renfort dans le millésime 2022. Certains l'auront fait en additionnant du 2020. Ce n'est pas une année à faire des découvertes. Le millésime est extrêmement hétérogène.
Rive gauche ou rive droite
2021 est un millésime cabernet, soit cabernet sauvignon, soit cabernet franc. De nombreux crus voient leurs proportions augmenter dans l'assemblage (80 % au domaine de Chevalier, 84 % à Lagrange, 70 % à Capbern, 63 % à Pibran, 88 % à Pichon Baron, 85 % à Grand Puy Lacoste, 60 % à Alter Ego, 96 % à Lafite et Latour). C'est lui qui donne au millésime sa tenue et son élégance.
Sur la rive droite, c'est la proportion de cabernet franc qui augmente dans de nombreux crus (60 % à Angélus)
A mi-chemin, quels sont les meilleurs ?
Les Carmes Haut Brion, Lafite Rothschild et Mouton Rothschild brillent au sommet avec une note à 18,5 (96). Idem pour Haut Brion blanc qui vient de produire un de ses plus grands millésimes. En effet, cette année, la qualité des vins blancs secs est haute, mais pas partout. Les pluies de juin, hétérogènes dans leur répartition, auront beaucoup dilué.
A Sauternes et Barsac, le gel a considérablement réduit la production, sélectionnant naturellement les meilleurs terroirs chez chacun. Le millésime est très botrytisé. Avec à peine 3 000 bouteilles Bastor Lamontagne (15,5 // 88) produit son meilleur vin. Suduiraut (17,5 // 95) n'a produit qu'un seul hectolitre à l'hectare !
Publication
A partir de la semaine prochaine, mes commentaires, mes analyses détaillées seront accessibles sur mon site et publiés en LIVE.
Bonne lecture.
Jean-Marc Quarin
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Cette publication est éditée par Jean-Marc Quarin SAS, 10 allée de Ginouilhac, Le Taillan-Médoc. France. Contact : www.quarin.com
Les médias et les distributeurs de vins peuvent utiliser ces notations à condition de ne pas les déformer et en citant à la fois son auteur : Jean-Marc Quarin et l'origine de leur source : quarin.com